L’héritage familial est quelque chose auquel on a du mal à échapper. Et dont on a encore plus de mal à se libérer, quand on n’y a pas échappé. On porte forcément tous en nous la marque de nos parents, de leurs peurs et de leurs faiblesses, mais également de leurs forces. Arriver à transformer cet héritage est le travail d’une vie entière. L’accueillir, l’accepter, et le conserver ou s’en libérer en partie, pour ce qui ne nous sert pas, voire nous dessert.
Je regarde mes filles tous les jours évoluer, je les vois grandir, murir, devenir des jeunes femmes, en ayant cette conscience qu’elles aussi, dans quelques temps, devront trouver leur propre chemin au milieu des sentiers familiaux dont elles ont hérité, et que je leur transmets au quotidien.
Je sais qu’elles rejetteront forcément beaucoup de ce qu’elles auront absorbé pendant leur enfance, qu’elles chercheront, et je leur souhaite, à créer leur propre modèle en questionnant ou en refusant le mien. Mais je sais que cette partie de vie fusionnelle qu’on partage ensemble est aussi un cadeau. Et que ces aventures que nous vivons aujourd’hui font partie de nos plus belles marques indélébiles.
Comme lorsque, sur la route en sortant du travail le soir et au lieu de rentrer à la maison, on décide de rouler au plus vite dans les champs avant que le soleil ne soit complètement couché, pour faire des photos au milieu des arbres en fleurs, quand je les regarde courir en criant et en riant, les cheveux dans le vent, je me dis au fond du moi que ce qu’on est en train de vivre là est une partie de l’héritage que je suis heureuse de pouvoir leur laisser.
by Solene Lombardo